Histoire du cimetière d'Ouveillan : l'organisation du cimetière et l'architecture des tombes au XIXe et XIXe s. (3e partie)
Les années 1827-1830 sont marquées à Ouveillan par des épisodes de "fièvres" (choléra?) liées aux "émanations pestilentielles" de l'étang.
La municipalité va donc acheter les terrains du cimetière actuel et les « habitants sollicitent que ce lieu soit ceint de murailles soit pour que sa sainteté ne soit pas violée, soit pour éviter aux habitants la douleur que leur causent des souvenirs qui leur rappelle la vue de certaines places occupées par leurs parents et leurs proches, soit enfin pour que les cadavres ne soient pas exposés dans leur dernière demeure à la voracité des animaux carnivores qui ont fait il y a quelques temps un creux assez profond dans une tombe pour mettre à découvert les vêtements d’une malheureuse victime ; plusieurs passant ont été témoins de ce hideux spectacle. Le Conseil Municipal, renforcé des dix plus forts contribuables, dit que c’est un besoin impérieux et extrêmement urgent. La cure fera appel au préfet pour avoir des fonds car un nouvel impôt serait injuste pour les ouveillanais déjà bien miséreux ».
Les plantations
Le tombeau de famille est un monument funéraire pérenne qui est muni d’un caveau où l’on place les cercueils.
Deux types de caveaux existent :
- le caveau souterrain surmonté du tombeau et s’ouvrant par une trappe sur la façade
Durant le XIXe s., les cimetières vont voir se construire une grande variété de tombeaux avec différents styles. L’art funéraire va prendre une très grande importance et certains de ces monuments funéraires sont des œuvres artistiques.
Les monuments construits depuis le milieu du XXe siècle reflètent quand à eux la standardisation de notre époque.
Les premières constructions dans le cimetière d'Ouveillan, au milieu du XIXe s., s’installent le long de l’allée centrale et des allées latérales contre le mur de clôture. Beaucoup de ceux-ci reproduisent les tombeaux antiques qui bordaient les voies romaines de l’ancienne Rome (Via Appia, Flamina, Latina). Tout le décor est imprégné de la culture romaine avec frontons, acrotères, acanthe, guirlandes, flambeaux,...
Dans un second temps, des tombeaux vont être construits le long des bordures de carrés ou d'îlots. Ce sont des monuments plus sobres, sans réel décor mais avec un matériau plus pérenne, le granit. Ces tombeaux comportent à leur chevet une croix imposante qui porte la plaque avec le noms des défunts.
Le modèle de chapelle néo-classique à parements nus avec quelques moulures pilastres ou flambeaux et couverture à frontons et acrotères d’angles est aussi construit durant cette même période.
Durant le XIXe s., on voit aussi apparaître des chapelles funéraires qui surmontent le caveau familial ou intègre celui-ci dans son élévation. Ce type de chapelle apparaît dans les années 1840-1850. La façade, est couronnée par un fronton triangulaire que surmonte une croix en pierre. Sur ce fronton est inscrit le nom de la famille. La chapelle dispose de fenêtres avec des vitraux à motifs religieux.
La chapelle ci-dessous dans le cimetière d'Ouveillan s’inspire des chapelles médiévales gothiques.
La dalle est la plus simple des manière de fermer une sépulture. Cette dalle peut être plate, à 2 pentes avec ou sans inscription ; surmontée d’une croix au chevet sur laquelle sont parfois gravées les inscriptions. La pierre tombale peut aussi être entourée d’une balustrade de fer ou de fonte.
La stèle, placée verticalement au chevet, marque l'emplacement de la sépulture en pleine terre. Ces stèles ont une grande diversité de formes et d'aspect. Il peut s'agir d'une simple pierre rectangulaire dressée comme d'un édicule plus richement orné avec médaillons, couronnes, éléments décoratifs ou symboliques.
Le cérémonial funèbre apparaît au XIXe s. où parents et amis accompagnent le défunts jusqu’à sa dernière demeure. Alors que durant l’Ancien Régime, le cortège est composé en fonction de son appartenance à des confréries professionnelles ou de piété. C’est aussi durant le XIXe s. qu’apparaissent de nouveaux rites commémoratifs comme la visite aux tombeaux ou le dépôt de fleurs. L’offrande de fleurs a une origine antique et elle se propage à partir de la Révolution. La visite au cimetière est un indice d’un nouveau culte des morts.
Au XIXe s., lors des obsèques, on utilise des couronnes d’immortelles séchées qui seront remplacées la fin du XIXe par des fleurs fraiches en couronnes ou en gerbes. Des boites en zinc conçues comme des vitrines miniatures, circulaires renferment les fleurs.
Des globes de verre forment le centre des anciennes couronnes, dites couronnes à globes.
Certaines couronnes en céramique étaient constituées d'anneaux de céramique moulés qui imitaient les boutons d’immortelles alignés en rangs serrés parfois enrubanés.
Les fleurs sculptées les plus utilisées pour les articles funéraires : pavot, symbole du sommeil éternel, immortelle, l’églantine, la violette, la pensée très fréquentes dans la 2e moitié du XIXe s.
La rose, la marguerite, le chrysanthème apparaissent vers 1860 et s’imposent après 1900, lilas, jasmin, hortensia au XXe s. Sur les tombes se diffuse le dépôt des fleurs en pots : le chrysanthème devient l’offrande par excellence du jour des morts. On dépose aussi sur les tombes des couronnes de perles ou de céramique. Aux yeux de l’administration, un tombeau fleuri est entretenu.
Chaque cimetière a son âme, son caractère qui le distingue de ses voisins. C'est un tout qui confère une ambiance et une identité. Si les communes assurent l'entretien, le devenir des tombes est entre les mains des familles. Comme on peut le constater à Ouveillan, de nombreux tombeaux sont abandonnés et voués à être détruits car usés par les ans et remplacés par de nouveaux monuments.
Le patrimoine funéraire que renferme le cimetière d'Ouveillan n'est pas unique, mais force est de constater qu'il commence à tomber en ruine et va certainement disparaître dans les années à venir.
A défaut, il faudrait mener une réelle étude historique d'ensemble et un vrai inventaire des tombeaux ayant un intérêt patrimonial. C'est un sujet d'étude qui pourrait être proposé à des étudiants.
Pour plus de renseignements sur les cimetières à partir du XIXe s. : Patrimoine et tombeaux, Patrimoine funéraire français. Sous la direction de Régis Bertrand et Guénola Groud, Collection Patrimoines en perspective, Editions du Patrimoine, 2016, 272 p.
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