Histoire du cimetière d'Ouveillan (1ère partie)

En cette période proche de la Toussaint, je vais vous proposer quelques articles sur le cimetière d'Ouveillan, son histoire, son aménagement, ses tombeaux, qui sont un magnifique patrimoine architectural à préserver, et leur symbolique.

Le cimetière est un des espaces publics le plus répandu en France.

cimetière d'Ouveillan

cimetière d'Ouveillan

Du Moyen-Age au XIXe s., le cimetière était au cœur de la communauté des vivants,  autour de l’église. Des inhumations avaient même lieu dans l’église

A Ouveillan, le cimetière se trouvait devant la porte de l’église (petit cimetière) et au au sud de celle-ci (entre la rue des capitouls, l’impasse du calvaire et le rue Saint-Just).


Extrait du plan d'Ouveillan en 1766 (AD 11, 3 J 303)

Une nouvelle législation au XIXe s.

Au XIXe s., l'Etat va décider de déplacer les cimetières à l’extérieur des villes et des villages.

Deux grands textes sont à l’origine des cimetières actuels. 

    - Le "décret sur les lieux servant de sépultures" est promulgué par Napoléon le 23 prairial an XII (12 juin 1804). Ce texte fonde la législation funéraire contemporaine en France. Ce décret institue le transfert des morts hors de la ville et des villages pour des raisons de salubrité. 

    - Le 6 décembre 1843, l’ordonnance de Louis-Philippe «relative aux cimetières» fixe le régime des concessions.

Ces textes législatifs vont éloigner le nouveau cimetière de la ville ou du village. Ce sera d’abord à plus de 35 à 40 m du rempart, puis à plus de 100 m des habitations par le décret du 7 mars 1808. Le cimetière devra de préférence se situer sur "les terrains les plus élevés et exposés au Nord" ; il devra être "clos de murs de 2 m au moins d’élévation".

Par le décret de prairial an XII, le cimetière passe de paroissial (sous l’autorité de l’église) à communal (sous l’autorité de la mairie).

Du changement dans la manière d’inhumer

Depuis le Moyen-Age et jusqu’au XVIIIe s., on enterre dans des fosses en pleine terre, dans des fosses individuelles ou communes, ce qui permet l’extraction des os, une fois les chairs dissoutes et le regroupement pour réemployer la fosse. Ces déterrements sont considérés comme le principe de gestion des cimetières, passé le délai de 5 ans.

La législation du XIXe s. va modifier les choses avec la règle d’une fosse séparée pour chaque inhumation et l’instauration du régime des concessions.

L’emplacement devient privatif, il est concédé à une ou des personnes sans limitation de durée, au profit du concessionnaire, ascendants et descendants. 

La loi autorise l’aménagement en caveau et la construction de "monuments ou tombeaux". Ainsi un morceau de la propriété publique est donnée en jouissance à des particuliers à des fins funéraires.

Finalement, la loi du 3 décembre 1924 autorisera les communes "à reprendre des concessions centenaires ou perpétuelles en état d’abandon".

Le cimetière d’Ouveillan

C’est grâce à un écrit de Julien Aussenac, qui m’as été transmis par une de ses filles, que l’on peut restituer l’histoire du cimetière d’Ouveillan.

Je retranscris ici le texte de Julien Aussenac

"La première parcelle a été achetée en 1826 à Barthélémy Marty, elle était située à l’est du grand chemin de Saint-Chinian à Narbonne. La commune paya la somme de 750 francs, financée par un don de "Son Excellence le Ministre de l’Intérieur", plus une indemnité de 19,70 francs pour occupation anticipée ; en effet, la commune avait commencé à ensevelir les défunts avant d’avoir passé l’acte et payé la somme due.

Par des plans établis en 1827, nous pouvons situer exactement ce premier nouveau cimetière : il s’agit de la partie est du vieux cimetière actuel, après la grande allée transversale. On y accédait par un chemin qui partait du grand chemin de Saint-Chinian à Narbonne, au coin de l’avenue de Saint-Chinian et de la route de Capestang ; on voit encore les deux piliers qui en marquait l’entrée.

En 1852, on agrandit par l’achat d’une parcelle à Madame veuve Teulié ; et en 1881, on expropria la parcelle de Léandre Marty. Ce que nous appelons aujourd’hui l’ancien cimetière était entièrement acquis. Il était desservi par le chemin de Caspestang, le début du chemin de Montels et une « carrière » (rue) qui desservait le tènement de Cassenac. L’ancienne allée n’était plu indispensable et fut rétrocédée à leurs anciens propriétaires.

Extrait d'une photo de l'IGN de 1936

Des plans de 1893 nous permettent d’imaginer l’état des lieux en 1882. Devant le mur d’entrée actuel, une rampe d’accès de quatre mètres de large allait du chemin de Capestang au chemin de Montels ; la rampe surplombait un terre-plein, un escalier permettait de grimper du terre-plein à la rampe et au cimetière.

En 1893, on construisit le mur de soutènement actuel et une terrasse fit disparaître le terre-plein et l’escalier.

Une seule rampe permit au corbillard de grimper jusqu’à l’entrée ; un escalier fut construit pour descendre de la terrasse au chemin de Montels.

Rien ne changea jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Mais la liste des demandes de concession s’allongeait et le maire Elie Abraham acheta alors une parcelle à Monsieur Gleizes pour aménager un nouveau cimetière, vite rempli d’ailleurs.

Extrait d'une photo aérienne de 1954

Dans les années 1980, le Conseil Municipal achetait une parcelle à Monsieur Canals, sur le chemin de Capestang, pour créer un nouveau lieu de sépulture.

Nos cimetière s’éloignaient, par à coups, du centre du village moyenâgeux."

extrait d'une photo aérienne IGN de 1996

L’organisation du cimetière.

Comme tous les cimetières créés au XIXe s., celui d’Ouveillan est enclos de hauts murs. Il est muni d’une porte principale et d’une petite porte latérale. 

La porte principale est munie d’un portail de fer. Sur les piédroits en maçonnerie du portail se trouvent deux urnes voilées, motif qui rappelle les vases antiques où les romains conservaient les cendres des défunts : les urnes cinéraires recouvertes du voile de tristesse.

A la suite des achats successifs, le terrain, de plan rectangulaire, est organisé de manière orthogonale avec des allées rectilignes, centrales et latérales, et un carrefour central à angles droits. L’allée centrale en face de la porte est plus large que les autres. Le cimetière d’Ouveillan obéit à un schéma que l’on retrouve dans la plupart des villages.

L’espace divisé par les allées forme plusieurs rectangles (îlots) qui vont accueillir les sépultures.

Les concessions perpétuelles ont été installées le long des allées et sur les bordures des rectangles. L’espace intérieur ainsi délimité est occupé par les tombes en pleine terre installées en rangées.




Commentaires