L'aménagement du chevet de l'église en 1893 : où quand les nouveaux corbillards obligent à faire des travaux!

La vision que nous avons tous en mémoire du chevet de l'église, n'est pas celle qu'avaient nos aïeux du moyen-âge ou de l'époque moderne. 

En effet, c'est un aménagement qui ne date que de la fin du 19e siècle et qui résulte de l'achat de nouveaux corbillards!


Le 20 février 1893, lors du conseil municipal, le maire, Célestin Gleizes, expose que l'accès à l'église est difficile et qu'il y a des modifications urgentes à apporter au chevet de l'église. Il indique que la municipalité a étudié des solutions qui demandent des achats d'immeubles, des expropriations, des démolitions, des apports de remblais et que le tout a un coût très onéreux.


En effet, l'accès à l'église est rendu nécessaire pour les enterrements. Les sociétés de secours mutuels d'Ouveillan viennent d'acheter de nouveaux corbillards "pour lesquels il faut aménager un passage qui le rapproche le plus possible de la porte nord de l'église" et la largeur de ces nouveaux véhicules n'est pas possible en raison de l'étroitesse des accès.

Le maire propose donc "la démolition du terre-plein qui est au chevet de l’église" et son remplacement par des murs de soutènement "qui assureront quand même la solidité de l’édifice". Ces travaux permettront de dégager "la rue trop étroite en cet endroit et lui donneront un plus bel aspect". 

Il indique que "ces réparations motiveront l’agrandissement du portail existant dans le rampart", nécessaire au passage des voitures et "l’abaissement de la rue dont la pente est trop rapide et qu’on modifiera à peu de frais".

"En outre, dit-il, pour aboutir à la porte nord et permettre aux chars de tourner, il sera urgent de démolir une construction qui ne devait son existence qu’à la nécessité d'un emplacement pour l’escalier de la tribune actuelle ; on édifiera à nouveau cet escalier mais dans un autre endroit où il facilitera le même accès et occupera une place bien moindre".

Aussi, il propose un projet de l'architecte Paulin Cabannes, architecte qui travaille souvent pour la commune d'Ouveillan en cette fin de XIXe s.

L'architecte reprend dans son projet daté du 19 avril 1893, la situation exposée par le maire. 

Il indique que le portail dans le rempart dans la rue derrière l'église n'a que 2 m de large pour 2,60 m de haut, qu'après le portail dans la rue nord de l'église, la pente du terrain est trop forte et qu'enfin à l'arrivée à la porte de l'église l'espace est trop étroit pour le char mortuaire.

Plan conservé aux Archives départementales de l'Aude, 2Op 2240

Aussi, il propose :
* de porter la largeur de la rue au chevet de l'église à 4 m par la réalisation d'un mur de soutènement sur toute la longueur, 
* de reconstruire l'escalier du desservant de l'église (c'est l'escalier que nous connaissons actuellement),
* d'agrandir le portail du rempart médiéval en l'élargissant à 3,50 m,
* en abaissant la rue au nord de l'église de 0,60 m,
* de démolir "l'appendice et l'escalier des tribunes" pour reconstruire une cage d'escalier de 2 X 2 m permettant d'avoir un espace de 9 m sur 7 m pour que les chars mortuaires puissent circuler et tourner facilement.






Les travaux estimés à 1212, 90 francs ont été réalisés.

Finalement, on voit encore aujourd'hui que l'évolution des véhicules et de la circulation n'est jamais anticipé et que c'est toujours devant le fait accompli qu'on réfléchit pour trouver des solutions (pas toujours heureuses)...à quand l'inverse!


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