Ouveillan à la pointe du progrès....en 1898 : l'installation de l'éclairage public et privé à l'acétylène
En
me remémorant mon année de CM2 à l'école primaire d'Ouveillan,
m'est revenu à l'esprit un cours d'histoire et de chimie que
Monsieur Aussenac (instituteur, directeur de l'école et maire) nous
avait dispensé. A cette époque, nous rédigions de petits textes
sur différents sujets, que nous imprimions nous même, mais je n'ai
pas retrouvé celui que nous avions fait sur l'acétylène.
Je profite de cet article pour évoquer Julien Aussenac, l'instituteur de CM2 de beaucoup de générations d'ouveillanais. Il nous a appris l'histoire médiévale en "live", en nous emmenant voir le village, l'église, les remparts, Fontcalvy. Ils nous parlait des découvertes de Madame Bouisset et nous avait emmené en 1972 voir les fouilles qu'elle faisait du cimetière wisigothique au Mouret découvert lors du défonçage d'une vigne...Un instituteur passionné par son métier et passionnant pour ses élèves. C'est dans sa classe qu'est née ma passion pour l'archéologie et le patrimoine, passion qui est devenue mon métier depuis mes 20 ans! Il a aussi été le maire qui m'a donné l'opportunité de réaliser la première fouille archéologique à Fontcalvy en tant que titulaire d'une autorisation de fouille délivrée par le Ministère de la Culture.
Les articles dans ce blog sont une manière de transmettre, à mon tour, la passion qu'il m'a communiquée et dont je lui serais éternellement reconnaissante. Un grand merci à lui!
Après ce paragraphe nostalgie, repartons à notre sujet!
Je profite de cet article pour évoquer Julien Aussenac, l'instituteur de CM2 de beaucoup de générations d'ouveillanais. Il nous a appris l'histoire médiévale en "live", en nous emmenant voir le village, l'église, les remparts, Fontcalvy. Ils nous parlait des découvertes de Madame Bouisset et nous avait emmené en 1972 voir les fouilles qu'elle faisait du cimetière wisigothique au Mouret découvert lors du défonçage d'une vigne...Un instituteur passionné par son métier et passionnant pour ses élèves. C'est dans sa classe qu'est née ma passion pour l'archéologie et le patrimoine, passion qui est devenue mon métier depuis mes 20 ans! Il a aussi été le maire qui m'a donné l'opportunité de réaliser la première fouille archéologique à Fontcalvy en tant que titulaire d'une autorisation de fouille délivrée par le Ministère de la Culture.
Les articles dans ce blog sont une manière de transmettre, à mon tour, la passion qu'il m'a communiquée et dont je lui serais éternellement reconnaissante. Un grand merci à lui!
Après ce paragraphe nostalgie, repartons à notre sujet!
Il
nous racontait donc qu'Ouveillan avait été dans les premiers villages de
France a bénéficier d'un éclairage public à l'acétylène ;
un grand progrès pour le village à l'extrême fin du XIXe s.
J'ai
donc recherché dans les archives, notamment les archives nationales,
des documents concernant ce fameux progrès pour notre village. Et à
y regarder de plus près, il est vrai que nous avons été un des
premiers villages de France à bénéficier de cette innovation.
Le
nom « acétylène » (C2H2) provient du latin «acetum» : vinaigre. L'acétylène a été
découvert en 1836 par un savant britannique, Edmund Davy
(1785-1857), à partir du carbure de potassium. En 1861, le chimiste
allemand Friedrich Wöhler (1800-1882) obtint du carbure de calcium
en chauffant au rouge blanc un mélange de chaux, de zinc et de
carbone. Comme Edmund Davy avec le carbure de potassium, il découvrit
que le corps obtenu était décomposé par l'eau en dégageant de
l'acétylène.
La
première étude exhaustive sur ce gaz fut réalisée en 1863 par le
savant français Marcelin Berthelot (1827-1907). En 1894, le chimiste
français Henri Moissan (1852-1907) – prix Nobel de chimie en 1906
– mit au point une méthode simple et peu onéreuse de fabrication
du carbure de calcium.
Son
utilisation ne s'est généralisée qu'au début du XXesiècle.
Son emploi a contribué au développement de l'industrie. L'acétylène
est une source d'éclairage simple d'utilisation et peu chère qui
va remplacer petit à petit l'huile et le pétrole.
Les
lampes à acétylène servaient à l'éclairage des bicyclettes, des
véhicules hippomobiles et des automobiles, des motocyclettes et des
trains mais aussi sur les chantiers, dans les carrières
souterraines, les mines et dans les champignonnières. Très vite
concurrencé par l'électricité, l'acétylène perdura jusqu'au
début de la deuxième moitié du XXe siècle. Il
était utilisé par les spéléologues jusqu'à très récemment mais
aujourd'hui remplacé par les lampes à leds.
C'est
donc à l'extrême fin du XIXe s. et surtout au début du XXe s. que
son utilisation va se développer pour l'éclairage public. Ainsi le
village d'Ouveillan fait figure de précurseur puisque l'éclairage
public à l’acétylène va être inauguré en 1898.
Le
journal la "Science Française" du 7 octobre 1898, comporte à
la page 143 un article sur l'éclairage de la ville d'Ouveillan.
« Nous
recevons de M. le Maire d'Ouveillan une lettre qui nous annonce que
les travaux de canalisation et d'installation des appareils allant
être terminés sous peu, on va procéder à l'inauguration de
l'éclairage. A ce sujet, voici les quelques détails que M. le maire
veut bien nous communiquer :« L'usine est établie à 150
m environ de la commune, elle contiendra les appareils de
fabrication, d'épuration et de distribution. A côté des bâtiments
se trouvent deux gazomètres d'une contenance de 42 mètres cubes,
pour les besoins de l'éclairage public et particulier. La ville aura
soixante becs d'éclairage public, chaque bec ayant un pouvoir
éclairant de vingt bougies. Toutes les installations paraissent
faites dans de bonnes conditions tous les tuyaux de canalisations ont
été éprouvés. Le traité passé avec la Société des carbures
métalliques pour quinze ans, renouvelables pour quinze années. La
mise en service aura lieu dans quinze jours au plus tard ».
Ouveillan, rue de la Grangette, à gauche, la maison est l'ancienne usine d'acétylène. je me rappelle que ce bâtiment était à l'abandon quand j'étais petite. Nous y étions rentré et il y avait encore des machines, les gazomètres?
Dans
une autre revue nationale, la "Revue générale de
chimie pure et appliquée" datée de mars 1900 un article indique que
« depuis mai 1898, la ville d'Ouveillan est éclairée
à l’acétylène. L'usine possède deux générateurs à chute de
carbure de l'eau et deux gazomètres de 20 mètres cubes chaque. Le
gaz est vendu aux établissement municipaux à raison de 2 fr. 50 le
mètre cube et 3 fr aux particuliers. L'éclairage public est de 70
becs et les abonnés sont au nombre de 75».
Dans "Le journal de l'acétylène et le petit photographe réunis" du 17 juin 1900, sous le titre « éclairage d'une ville par le
gaz acétylène »,
« Voici
qu'une nouvelle ville, celle d'Ouveillan, dans le département de
l'Aude et près de Narbonne, vient d'adopter le gaz acétylène pour
un éclairage public et privé. Le gaz est vendu aux établissements
à raison de 2fr.50 le mètre cube et aux particuliers à raison de 3
francs ; l'éclairage public se paie 0fr04, le bec-heure. Les
becs employés sont des becs à flamme conjuguée et à mélange
d'air. Comme la ville compte trois mille habitants environ,
l'installation est de quelque importance. L'usine productruce
contient deux générateurs à chute de carbure dans l'eau et deux
gazomètres de 20 mètres cubes chacun relié à la canalisation
prinicpale par une conduite munie d'un siphon. Au sortir des
gazomètres, l'actétylène se rend à un compteur et, de là, passe
à un régulateur de pression. La canalisation, constituée en tuyaux
de fonte et de plomb, est d'une longueur de 4 kilomètres environ.
L'éclairage public compte actuellement 70 becs et les abonnés sont
au nombre de 75. Ceux-ci se servent de compteurs analogues aux
compteurs à gaz de houille».
Combien
de temps ce système d'éclairage a existé à Ouveillan ? J'ai
pour l'instant du mal à savoir. Les documents aux archives
départementales pour l'usine d'acétylène d'Ouveillan sont datés
de 1897 à 1904. Je pense, en regardant les cartes postales anciennes
des années 1900, que le village est très vite passé à l'éclairage
électrique, puisque des globes d'éclairage alimentés par des
câbles électriques figurent sur les cartes postales de l'avenue de
Saint-Chinian ou du Boulevard Carnot.
Les
archives départementales de l'Aude disposent, sous la côte 2O4 et
5M319, des documents sur l'usine d'acétylène qu'il me reste à
aller dépouiller pour compléter cet article.
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