Les châteaux de la richesse viticole dans les environs d'Ouveillan : Le château de Sériège, Cruzy, Hérault (6e partie)
Sériège est la propriété de la famille d'Andoque depuis le 16e s.
Les Andoque sont signalés au village de Cruzy en 1498. Leur première acquisition d'une terre à Sériège date de 1553, ils s'y installent au XVIIe s et en 1775, ils achètent la seigneurie.
Barthélemy Andoque (1736-1793) devient le premier seigneur de la lignée. Il achète en 1791 le bien national du Terral qui appartenait à l'abbaye de Fontfroide. Ses deux fils qui fondent les deux branches de Sériège et du Terral, continueront à acheter et à agrandir le patrimoine foncier e la famille Andoque.
Le "château vieux"
Les Andoque ont construit le "château vieux" dans la seconde moitié du 18e s. Il est constitué d'un corps de logis principal et de deux ailes en retour d'équerre sur la cour, fermée par un mur de clôture percé d'un portail. A l'arrière le cellier est adossé au corps de logis. Ce "château vieux" est encore conservé aujourd'hui à l'arrière du château du 19e s.
La propriété est depuis l'origine transmise de père en fils et lorsqu'il n'y a pas d'héritier le bien est transmis à un neveu ou un cousin.
C'est Joseph Henri Alexande Louis Andoque (1815-1902), célibataire, qui fait construire, en 1884, le château de Sériège que nous connaissons aujourd'hui, dans l'espoir d'y faire venir son petit neveu Marie Joseph Alexandre Andoque (1877-1949).
Le nouveau château (1884)
Le nouveau château très ostentatoire est à la mode de l'époque. Il ne sera pas occupé par son destinataire qui doit faire réaliser l'aménagement intérieur et la décoration. Finalement, ses successeurs iront vivre dans les autres châteaux comme Le Terral, Saint-Géniès-de-Ménestrol ou Fontfroide en laissant le château vieux comme demeure pour le régisseur. toutefois, au 19e s.
Le nouveau château très ostentatoire est à la mode de l'époque. Il ne sera pas occupé par son destinataire qui doit faire réaliser l'aménagement intérieur et la décoration. Finalement, ses successeurs iront vivre dans les autres châteaux comme Le Terral, Saint-Géniès-de-Ménestrol ou Fontfroide en laissant le château vieux comme demeure pour le régisseur. toutefois, au 19e s.
L'architecture et le décor du château de Sériège s'inspirent de la Renaissance italienne. Ce château figure parmi la liste des travaux de l'architecte Alexandre Garros.
En fait, il ne s’agissait que d’une façade, à l'intérieur il n'y avait que les planchers, quelques décors et il ne fut jamais habité.
En fait, il ne s’agissait que d’une façade, à l'intérieur il n'y avait que les planchers, quelques décors et il ne fut jamais habité.
Les travaux d'aménagements récents de ses intérieurs permettent à la famille d'Andoque de proposer le château comme centre de séminaire, d’accueil de groupe et d'autres manifestations.
Le domaine viticole au début du 20e s.
Le domaine viticole va alors compter 300 ha d'un seul tenant autour du château et de la métairie. Les dépendances agricoles vont se développer avec la construction d'un grand chai de deux vaisseaux vers 1850-1860 qui permet de loger 12 000 hl en 1896. A l'est du château de grandes dépendances sont aménagées pour accueillir les nombreux chevaux, les instruments de travail et les très nombreux ouvriers agricoles nécessaires à la culture de la vigne.
Les grèves de Sériège entre 1904 et 1907
Lorsque la première grève agricole éclate en 1904, Sériège compte 20 domestiques et 60 journaliers.
A partir des années 1880, le gouvernement autorise les organisations ouvrières à regrouper leurs membres dans des syndicats qui vont se politiser rapidement : syndicats rouges pour la défense des ouvriers, syndicats jaunes qui défendent les intérêt patronaux. En Languedoc, la nouvelle prospérité agricole ne profite pas à tout le monde. les ouvriers agricoles se sentent exploités et revendiquent des conditions de travail et de salaire meilleurs.
Le "syndicat des ouvriers cultivateurs et terrassiers de Cruzy (Hérault)" est créé le 4 février 1904. Dès le lendemain, 160 ouvriers agricoles de Cruzy se mettent en grève et demandent des augmentations de salaire. C'est le début d'une longue série de grèves où Sériège occupe une place centrale.
Durant une bonne partie du 19e s., Sériège était géré par Alexandre d'Andoque de Sériège, ancien maire de Cruzy et conseiller général.
En 1902, le domaine passe aux mains de son neveu qui réside à Montpellier et s'intéresse peu à la viticulture. Ne supportant pas les conflits sociaux, il décide de vendre le domaine à l'homme d'affaire et homme politique perpignanais Edmond Bartissol (1841-1919) qui veut en faire le centre d'un groupe viticole de grande ampleur.
Cette vente va être ressentie comme un cataclysme dans la famille Andoque. Elle oppose une vision capitaliste et libérale de la propriété incarnée par Bartissol à une conception traditionnelle , héritée de l'Ancien Régime, avec une propriété constituée longuement et berceau d'un lignage noble.
De 1905 à 1907, Bartissol va affronter de nombreux conflits sociaux à Sériège. En octobre 1906 par exemple, le projet de licenciement des deux tiers du personnel du domaine déclenche une nouvelle grève qui durera des semaines. Des incidents sérieux auront lieu comme l'arrachage de pieds de vigne, la coupure des lignes téléphoniques et enfin l'appel à l'armée avec notamment l'intervention du 100e régiment de ligne suivi de deux escadrons du 18e régiment de chasseurs. La presse suit le mouvement qui va défrayer les chroniques des faits divers et jruidiques. Dès le début de la grève, les ouvriers organisent le blocus du domaine de 8 h à 16 h empêchant le pressurage de la vendange et surtout l'expédition des vins vers le canal du Midi, qui se fait sous protection de l'armée.
Finalement un accord sera trouvé en novembre 1906 mais les principaux meneurs seront condamnés à de lourdes peines de prison, comme Calmette président du syndicat, considéré comme le principal agitateur qui écopera de 15 mois de prison ferme, peine qu'il fera entièrement!
Nous sommes à la veille de la révolte du midi viticole qui enflammera notre territoire en 1907.
Finalement en 1910, Sériège est à nouveau en vente et sera rachetée par André et Madeleine Andoque (frère et soeur), branche cadette du Terral. Ainsi Sériège réintègre la famille Andoque.
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