Société
coopérative de vinification
« Les
Vignerons d’Ouveillan »,
aujourd’hui S.C.V. « Les
Vignerons du Narbonnais »
par Jean-Michel SAUGET
Cave ayant le label national « patrimoine du XXe siècle »
décerné
par le Ministère de la Culture en 2013
La
société est crée le 30
décembre 1935 et le Conseil d’administration lance immédiatement
un appel à candidature auquel répondent quatre architectes :
Ladousse, Gibert, Hérans et Lacombe.
Lacombe
est complètement inconnu dans le petit monde des maîtres d’œuvre
agréés par le service du Génie rural du ministère de
l’Agriculture de Carcassonne et il n’a jamais construit de cave
coopérative. Gaston Ladousse est encore inconnu dans l’Aude. Il a
épousé une Audoise et s’est installé à La Nouvelle et n’a
encore pas construit de cave coopérative. Henri Gibert, installé à
Narbonne a déjà travaillé comme architecte communal pour Ouveillan
dont il a suivi les travaux d’assainissement. Il est également
l’auteur des caves de Luc-sur-Orbieu, sa commune natale, de
Montredon, Cuxac, Argeliers (Les Vignerons, « cave des
riches ») ainsi que celle de Narbonne. Marcel Hérans,
Marcellin Héran de son vrai nom, est originaire de Lozère et s’est
aussi installé à Narbonne. Il n’a pas encore beaucoup d’entregent
dans le milieu de la coopération viticole mais il est choisi
cette même année pour construire la cave de Moussan, du
moins la première cave qui sera complètement éclipsée par la
réalisation régionaliste de René Villeneuve en 1949. Marcel Hérans
construit, toujours en 1936, la cave de Coursan (L’Espérance) qui
sera complètement transformée par Paul Brès en 1960. Il construira
par la suite la cave de Fleury d’Aude, si caractéristique avec ses
deux tours de façade et celle d’Armissan qui lui ressemble.
Le Conseil
choisit Gaston Ladousse en janvier 1936 et demande au service du
Génie rural de l’agréer. Ladousse suivra fidèlement tous les
travaux de modernisation de la cave, entre 1936 et sa mort survenue
en 1964, alors même qu’il a quitté La Nouvelle pour s’installer
d’abord à Castelnaudary puis à Toulouse en passant par Jurançon,
ce qui explique l’homogénéité architecturale que la cave a su
garder depuis le début.
Les terrains
retenus pour l’édification de la cave sont achetés à la
compagnie de chemin de fer d’intérêt local, le « tramway »
bien connu des anciens dont il ne subsiste que le hangar à matériel
qui sera réutilisé par la suite.
L’entreprise
Camel, de Narbonne, commence les travaux en février et la cave ouvre
le 7 septembre 1936. Cette entreprise sera régulièrement retenue
par le Conseil d’administration pour les différentes campagnes
d’agrandissement.
Ouveillan est la toute première cave construite par Ladousse qui va innover sensiblement en proposant un bâtiment assez différent des caves voisines par sa morphologie élancée et un fort développement en longueur au terme de quatre agrandissements successifs.
Sur le plan technique, il innove en proposant de superposer les cuves sur deux étages, solution la plus courante utilisée dans l’Hérault mais pas dans l’Aude où la première expérience de ce type a été tentée en 1933 par René Villeneuve dans les caves de Sigean et de Canet d’Aude en 1933.
Le plan proposé pour Ouveillan sera repris par Ladousse pour les caves de Vinassan et de Trausse en 1937 et encore à Arzens en 1949. Pour ces trois réalisations, il modifie légèrement les avant-corps et équipe le mur pignon d’une toute petite croupe décorative. A Vinassan, Ladousse s’inspire, plus largement qu’à Ouveillan, du courant régionaliste qui émerge progressivement, en plaquant sur les murs un appareil polygonal à joints beurrés.
Ouveillan est la toute première cave construite par Ladousse qui va innover sensiblement en proposant un bâtiment assez différent des caves voisines par sa morphologie élancée et un fort développement en longueur au terme de quatre agrandissements successifs.
Sur le plan technique, il innove en proposant de superposer les cuves sur deux étages, solution la plus courante utilisée dans l’Hérault mais pas dans l’Aude où la première expérience de ce type a été tentée en 1933 par René Villeneuve dans les caves de Sigean et de Canet d’Aude en 1933.
Le plan proposé pour Ouveillan sera repris par Ladousse pour les caves de Vinassan et de Trausse en 1937 et encore à Arzens en 1949. Pour ces trois réalisations, il modifie légèrement les avant-corps et équipe le mur pignon d’une toute petite croupe décorative. A Vinassan, Ladousse s’inspire, plus largement qu’à Ouveillan, du courant régionaliste qui émerge progressivement, en plaquant sur les murs un appareil polygonal à joints beurrés.
La cave se
compose de deux vaisseaux longitudinaux accolés construits en
moellons apparents irréguliers précédés d’un avant-corps en
moellons assisés et joints beurrés accolé aux murs pignons des
vaisseaux traités en fronton à base interrompue par des retours
horizontaux de génoises. Les toits à longs-pans sont portés par
une charpente métallique et une rangée de poteaux reposant sur les
cuves superposées sur deux niveaux et quatre rangées parallèles
séparées par deux allées médianes.
Le hall de travail, installé derrière l’avant-corps, est éclairé par deux baies semi circulaires inscrites dans les murs pignons. Des baies triplées, percées sur les murs gouttereaux, apportent un complément d’éclairage au hall de travail. Deux autres jeux de fenêtres triplées, situés en partie médiane et en fin de vaisseaux, éclairent les deux autres halls de travail abritant d’autres pressoirs. La façade postérieure de chaque vaisseau est encore percée de baies en plein cintre superposées à de grandes fenêtres verticales surplombant les portes charretières.
Le hall de travail, installé derrière l’avant-corps, est éclairé par deux baies semi circulaires inscrites dans les murs pignons. Des baies triplées, percées sur les murs gouttereaux, apportent un complément d’éclairage au hall de travail. Deux autres jeux de fenêtres triplées, situés en partie médiane et en fin de vaisseaux, éclairent les deux autres halls de travail abritant d’autres pressoirs. La façade postérieure de chaque vaisseau est encore percée de baies en plein cintre superposées à de grandes fenêtres verticales surplombant les portes charretières.
L’avant-corps
à un étage est couvert d’un toit à croupes surmontant une
génoise. La travée centrale est constituée d’une grande baie,
couverte d’un arc en plein cintre, surmontée d’un fronton cintré
surélevé. Elle sépare les quais disposés par paires ainsi que le
logement du gérant et les bureaux à l’étage. Un bandeau courant
enduit couronne le mur de façade et porte l’inscription en lettres
Art déco sur le fronton.
Le premier
agrandissement est voté en décembre 1936 pour faire face aux
nombreuses inscriptions de nouveaux coopérateurs. Les travaux sont
entrepris immédiatement et le bâtiment existant est prolongé vers
l’arrière. En raison des problèmes rencontrés avec l’entreprise
chargée de la construction de la charpente métallique, le nouvel
appel d’offre revient à l’entreprise Valette et Rouanet de
Béziers.
L’agrandissement porte sur l’allongement des vaisseaux jusqu’à la moitié du bâtiment actuel, avec l’installation, dans la partie médiane du bâtiment, de quais d’apport situés côté. Un nouveau hall de travail, avec pressoirs, est installé au rez-de-chaussée tandis que des cuves sur piliers occupent l’étage.
Fin 1938, un deuxième agrandissement est prévu et, en 1939, le poste électrique est construit dans la cour, tandis que le troisième agrandissement, décidé en octobre 1939, concerne la construction de nouvelles cuves dans le bâti existant. Fin 1938, au terme de trois agrandissements successifs, la cave atteint le chemin bordant le fond de la parcelle et ne peut plus s’étendre. Les futures extensions envisagées sont faites sur l’hypothèse de la construction d’un troisième vaisseau accolé à droite des premiers vaisseaux (projet de janvier 1939).
En 1941, un nouvel agrandissement (le 4e) est décidé malgré la pénurie des matériaux ; en octobre 1944, le 5e est projeté mais le conseil d’administration doit réfléchir à un projet cohérent qui suppose l’acquisition du terrain bordant la cave à l’est. En 1945, Ladousse propose le nouveau projet à trois travées, qui reprend le précédent laissé sans suite, puis un autre à quatre mais, devant l’impossibilité d’acquérir le terrain nécessaire, rien ne se décide avant 1947.
Le nouveau projet, identique au précédent, est accepté mais les difficultés d’acquisition du terrain convoité font capoter le dossier. En 1950, nouveau projet mais seule la construction des nouveaux quais abrités dans un kiosque circulaire à six bennes est réalisée dans la cour orientale. Cet édicule reprend la morphologie des quais que Ladousse avait installés la même année à Arzens puis à Saint-Hilaire.
L’agrandissement porte sur l’allongement des vaisseaux jusqu’à la moitié du bâtiment actuel, avec l’installation, dans la partie médiane du bâtiment, de quais d’apport situés côté. Un nouveau hall de travail, avec pressoirs, est installé au rez-de-chaussée tandis que des cuves sur piliers occupent l’étage.
Fin 1938, un deuxième agrandissement est prévu et, en 1939, le poste électrique est construit dans la cour, tandis que le troisième agrandissement, décidé en octobre 1939, concerne la construction de nouvelles cuves dans le bâti existant. Fin 1938, au terme de trois agrandissements successifs, la cave atteint le chemin bordant le fond de la parcelle et ne peut plus s’étendre. Les futures extensions envisagées sont faites sur l’hypothèse de la construction d’un troisième vaisseau accolé à droite des premiers vaisseaux (projet de janvier 1939).
En 1941, un nouvel agrandissement (le 4e) est décidé malgré la pénurie des matériaux ; en octobre 1944, le 5e est projeté mais le conseil d’administration doit réfléchir à un projet cohérent qui suppose l’acquisition du terrain bordant la cave à l’est. En 1945, Ladousse propose le nouveau projet à trois travées, qui reprend le précédent laissé sans suite, puis un autre à quatre mais, devant l’impossibilité d’acquérir le terrain nécessaire, rien ne se décide avant 1947.
Le nouveau projet, identique au précédent, est accepté mais les difficultés d’acquisition du terrain convoité font capoter le dossier. En 1950, nouveau projet mais seule la construction des nouveaux quais abrités dans un kiosque circulaire à six bennes est réalisée dans la cour orientale. Cet édicule reprend la morphologie des quais que Ladousse avait installés la même année à Arzens puis à Saint-Hilaire.
En 1956 (la
date est inscrite au-dessus de la porte d’accès), construction de
8 cuves rondes en béton de l’autre côté du chemin dans le
prolongement du vaisseau droit de la cave. Cette extension est
complétée par un chai le long de cette cuverie en 1961. Ladousse
meurt en 1964, après avoir livré sa dernière cave installée à
Aragon en 1963.
En 1963, le
terrain situé contre la cave, à l’est, est enfin acquis
En 1966, Pierre
Henry Reverdy remplace Ladousse pour la construction du prolongement
du chai de 1961. Cet architecte, qui a travaillé pour René
Villeneuve au début des années cinquante, appartient à la nouvelle
génération de maître d’œuvre qui ne réalisent plus que des
agrandissements. Il travaille à cette époque pour le compte de la
cave de Fleury.
La collaboration sera brève puisque la même année, Pierre Rieux est chargé de la construction de deux vinificateurs continus, système Ladousse et Pujol d’une capacité de 150 tonnes, contre la cave, derrière le kiosque mais le projet n’aboutit pas.
Ces vinificateurs avaient été mis au point dès les années cinquante par Gaston Ladousse qui s’associe au début des années soixante avec les ateliers Pujol d’Argeliers pour en assurer la commercialisation. Pierre Rieux est de la même génération que Reverdy mais il a déjà à son actif la création des caves de Roubia, de Pépieux et de Salsigne où, semble-t’il, il a évincé brutalement un architecte de l’ancienne génération, Jean-Félix Tarbouriech.
En 1969, un grand chai, abritant des cuves rondes (chai Biard), est installé dans la cour, à l’est, derrière les anciens locaux du « tramway ». Les travaux sont réalisés par un ingénieur de la DDA de Carcassonne, R. Goutay.
En 1972, deux quais de l’avant-corps sont désaffectés pour y installer des bureaux puis, en 1974 et en 1975, deux vinificateurs continus Pujol, d’une capacité de 150 tonnes et un poste de pressurage fixe sont installés contre la cave, derrière le kiosque.
La politique de modernisation de la cave se poursuit tout au long des décennies suivantes : quais, nouveau chai derrière le chai Biard, cuverie inox le long de la cave dans les années 1990 et enfin, à la fin de la décennie, construction d’un caveau de dégustation devant l’avant-corps qui conserve son intégrité.
La cave absorbe celle de Sallèles-d’Aude au début des années 2000, puis fusionne avec celle de Narbonne. Une nouvelle campagne de travaux est activée pour répondre aux nécessités de modernisation des installations et accueillir la vendange de Narbonne quand ce site sera fermé.
La collaboration sera brève puisque la même année, Pierre Rieux est chargé de la construction de deux vinificateurs continus, système Ladousse et Pujol d’une capacité de 150 tonnes, contre la cave, derrière le kiosque mais le projet n’aboutit pas.
Ces vinificateurs avaient été mis au point dès les années cinquante par Gaston Ladousse qui s’associe au début des années soixante avec les ateliers Pujol d’Argeliers pour en assurer la commercialisation. Pierre Rieux est de la même génération que Reverdy mais il a déjà à son actif la création des caves de Roubia, de Pépieux et de Salsigne où, semble-t’il, il a évincé brutalement un architecte de l’ancienne génération, Jean-Félix Tarbouriech.
En 1969, un grand chai, abritant des cuves rondes (chai Biard), est installé dans la cour, à l’est, derrière les anciens locaux du « tramway ». Les travaux sont réalisés par un ingénieur de la DDA de Carcassonne, R. Goutay.
En 1972, deux quais de l’avant-corps sont désaffectés pour y installer des bureaux puis, en 1974 et en 1975, deux vinificateurs continus Pujol, d’une capacité de 150 tonnes et un poste de pressurage fixe sont installés contre la cave, derrière le kiosque.
La politique de modernisation de la cave se poursuit tout au long des décennies suivantes : quais, nouveau chai derrière le chai Biard, cuverie inox le long de la cave dans les années 1990 et enfin, à la fin de la décennie, construction d’un caveau de dégustation devant l’avant-corps qui conserve son intégrité.
La cave absorbe celle de Sallèles-d’Aude au début des années 2000, puis fusionne avec celle de Narbonne. Une nouvelle campagne de travaux est activée pour répondre aux nécessités de modernisation des installations et accueillir la vendange de Narbonne quand ce site sera fermé.
Pour
en savoir plus sur les caves coopératives du Languedoc-Roussillon :
Jean-Michel
Sauget, Jean-Louis Vayssettes, Geneviève Gavignaud-Fontaine,
Jean-Marc Touzard, Caves
coopératives en Languedoc-Roussillon,
édit. Lieux-Dits, 2010, 255 p.
Présentation
de l'éditeur : "Cathédrale du vin " du
Languedoc-Roussillon, la cave coopérative rythme le paysage et
s'impose comme l'édifice emblématique du village. La "coopé "
est chère aux Languedociens... Avec plus de 550 caves, la région
s'érige en symbole du mouvement coopératif viticole français,
marquant de son empreinte les mentalités et les campagnes. Leur
création, au début du xxe siècle, s'inscrit dans une dynamique
européenne, mais s'avère également être une réponse aux grandes
crises qui secouent le Midi viticole.
L'histoire des caves coopératives s'écrit à travers richesses
architecturales et défis économiques sans cesse renouvelés.
Marquée par l'identité méridionale, des décors sculptés aux
matériaux, l'architecture des caves coopératives oscille entre
patrimoine industriel et oeuvre architecturale. Innovations
industrielles et perfectionnement des techniques de vinification
émaillent le récit des caves coopératives, aujourd'hui confrontées
à la mondialisation et à la question de leur reconversion. D'où
l'importance de mettre en perspective ce patrimoine méconnu et
menacé, à la fois modeste et superbe.
https://www.paysdoc-wines.com/caves-cooperatives-en-lr/
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