Franchir le canal du Midi - Les ponts sur la Grande Retenue

Beaucoup de livres ont été publiés sur le canal du Midi. Celui-ci apporte un éclairage nouveau sur des ouvrages peu étudiés jusqu'à présent : les ponts qui le franchissent entre Argens et Béziers.Lors de sa construction, le canal du Midi a été une véritable barrière qui a coupé les circulations anciennes pour en créer une nouvelle.




Le rétablissement des communications n'étant pas à la charge de Pierre-Paul Riquet, ce sont les Etats de Languedoc et les diocèses qui ont construit les ponts pour servir l'économie et les dessertes lointaines. Les communautés d'habitants ont participé, par l'impôt, à la construction des ponts qui leur permettaient de rejoindre leurs champs.
Le canal du Midi, un défi technique
Le canal du Midi, inauguré en mai 1681 par l’Intendant de Languedoc et par le président né des États de Languedoc, a représenté un défi technique majeur que Pierre Paul Riquet a relevé sans pouvoir en connaître le terme. 
La voie d’eau devait permettre de développer le commerce intérieur et apporter la prospérité aux campagnes traversées. Le canal, long de 240 kilomètres, représente une coupure physique majeure dans le paysage, coupant en deux le Languedoc.

Les ponts sur la Grande Retenue

La documentation abondante concernant les ponts construits sur la Grande Retenue, bief de près de 54 kilomètres entre Argens, dans l’Aude, et l’échelle d’écluses de Fonsérannes, en face de Béziers, a mis en évidence le retard important apporté au rétablissement des communications et le nombre limité d’ouvrages autorisés par l’administration royale : la Province finance les ponts sur les grands chemins, les diocèses s’occupent de ceux placés sur les chemins de traverse tandis que les communautés d’habitants sont chargées de ceux placés sur les chemins vicinaux. 

La plupart des ouvrages sont adjugés au moment de l’ouverture de la navigation. Les premiers ponts sont construits dans la tradition médiévale, avec un tablier au dos d’âne très prononcé et une arche étroite qui rétrécit fortement le lit du canal au point de gêner parfois la navigation. 

La fin du XVIIIe siècle marque une rupture architecturale profonde où les nouveaux ponts témoignent de la puissance de la Province qui rénove en profondeur son réseau routier. Par la suite, le vieillissement des ouvrages, aggravé par un défaut d’entretien chronique, va nécessiter de nombreuses reconstructions mais, par chance, il subsiste encore la moitié des premiers ponts édifiés sur le bief.

Textes de Jean-Michel Sauget et Isabelle Jonc avec la collaboration de Samuel Vannier. Photos de Marc Kérignard. Maquette de Véronique Marzo. Editions Lieux-Dits, Lyon, février 2014

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