Les façades d'Ouveillan, les décors peints

Les façades donnent sa qualité et son caractère à tout village ; elle font l’architecture du domaine public. Grâce à elles, on identifie un pays, une région et son histoire.

La façade est dessinée par le soubassement, les chaînes d’angle, les encadrements et les bandeaux : son architecture correspond à des règles de composition, de symétrie, d’alignement et de proportions.
Pendant des siècles, les murs ont été bâtis avec des matériaux locaux. La variété des pierres mise en œuvre reflète la géologie du territoire : du galet de rivière à la pierre de taille.

Leur mise en œuvre dans un bâtiment est fonction de leur nature, de leurs dimensions différentes et de caractéristiques techniques diverses.

La pierre de taille, posée à joint vif, est consacrée à la totalité des murs pour les bâtiments exceptionnels soit aux éléments structurants de la façade (encadrements, linteaux, chaîne d’angle, arcs…). La pierre de taille, coûteuse, a toujours été recherchée comme symbole de richesse et de puissance. Pour rester apparente, la pierre doit être de très bonne qualité, sa mise en œuvre doit être parfaite et les joints entre les pierres doivent être très fins pour éviter la pénétration de l’eau au cœur du mur. Son appareillage doit être exemplaire pour donner à la façade sa valeur esthétique et symbolique.

Pour les maisons ou les bâtiments utilitaires, les murs sont réalisés en pierres à peine équarries (moellons), de qualité inégale. La piètre qualité de ces matériaux est compensée par l’épaisseur des maçonneries et l’utilisation de chaux comme liant.

Le mur ainsi construit, à l’aspect irrégulier, était toujours recouvert et protégé par un enduit qui constitue d’abord une peau pour la maison. Il assure l’isolation et la protection du mur contre les eaux de pluie, le vent et les variations thermiques. Les bâtiments utilitaires (caves, remises) étaient aussi enduits . Ces enduits sont faits de chaux naturelle et de sables locaux qui laissent respirer la maçonnerie. L’enduit est aussi un décor qui imite et remplace les éléments de structure en pierre de taille et qui compote aussi de nombreux décors peints.






























L’usage de l’enduit, d’abord signe d’aisance, souvent réservé aux propriétaires aisés, s’est largement répandu au cours du XIXe siècle dans l’ensemble de la population.


Mais depuis les années 50-70, on constate en France, que l’on fait la part belle à « la pierre apparente » pour réponde à la mode néo-rustique en détruisant irrémédiablement les témoignages de la réelle architecture ancienne et traditionnelle. Cette mode répondait aussi au goût savant du moment des architectes des Monuments Historiques qui mettaient systématiquement à nu les intérieurs des églises.

Ainsi, bien souvent les façades sont mises à nu, leur enduit est supprimé pour faire place à des façades de moellons légèrement jointoyés qui ne répondent pas au caractère languedocien du bâti villageois.
L’enduit est posé de manière couvrante associé à des lissages. La palette de couleur et les types de motifs utilisés sont assez restreints. Le décor apparaît souvent sous la génoise ou en encadrement de la façade. Les décors soumis aux intempéries et au rayonnement du soleil ont tendance à se dégrader et à disparaître. Les couleurs les plus employées sont l’ocre, le lie de vin, le blanc et le bleu.



Le décor apparaît sous forme de bandes d’encadrement de couleur différente (blanc, ocre) qui souligne les baies, la rive du toit et les chaînes d’angle. 

Quelques motifs, rares, sont souvent peints au pochoir et se trouvent toujours sous la génoise comme ces motifs de lions que l’on retrouve sur deux maisons à Ouveillan. Les fausses chaînes d’angle et le faux - appareil sont très fréquents à Ouveillan. Sur certaines maisons, des bandes séparent les étages et soulignent l’entourage des fenêtres. La palette de couleur et le catalogue des motifs encore subsistants pourraient servir d’inspiration pour les futures rénovations de façades.








A Ouveillan, les dates portées sur les enduits laissent transparaître deux grande campagnes de traitement des façades : la seconde moitié du XIXe siècle qui correspond à la grande phase d’extension du village et de rénovation du bâti intra-muros et les années 1930.









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